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Ma vie romanesque

vendredi 19 avril 2013

Le sens des mots

Je ferais sans doute une piètre prof de Français. Cela fait longtemps que les règles de grammaire ont été lessivées de mon cerveau et je n'ai qu'une vague idée de l'histoire de la littérature.
D'une certaine façon, c'est en amateur (e?) que je regarde les mots, et leur évolution. Il devait être bien fier celui (ou celle) qui a le premier imaginé l'expression rouge "comme une pivoine". C'est joli, une pivoine. C'est poétique. L'effet de la juxtaposition de ces termes est charmant. Mais aujourd'hui, à force d'être employée, cette expression s'est galvaudée, et si j'osais l'employer dans un écrit je deviendrais rouge comme une pi... comme un piment, bien sûr.

Les mots ne sont jamais innocents. Ainsi, ce mot, cher entre tous aux romanciers. "Jeune". La jeunesse a, de tous temps, été le lieu du roman, associée à la force, à l'impétuosité, au courage, aux passions. Un bon roman se construit rarement à l'aide de personnages bien mûrs, pesant prudemment chacune de leurs décisions avant d'opter pour la plus raisonnable. Cela se peut, bien entendu. Il se peut même qu'il arrive que ce ne soit pas ennuyeux à lire. Mais soyons francs : c'est rare.
Et voilà que ce terme de "jeune" se dépouille petit à petit de ses significations. Son champ se restreint. Comme adjectif, il reste toujours lumineux. Un monde jeune, une jeune fille évoquent toujours la fraîcheur, l'énergie. Mais quand on emploie "jeune" comme nom, ça se dégrade. Qu'est-ce qu'un "jeune" de ce début de XXIe siècle ? Un délinquant potentiel ? Un "personnage suspect ayant sans doute été élevé dans une famille monoparentale en lisière d'une grande ville" ? Certainement pas d'Artagnan, en tout cas. Quel dommage.
On aimerait, quand on écrit, en pesant sur les mots faire levier sur le monde. C'est l'inverse qui se produit, et c'est le monde qui donne son sens aux mots que l'on emploie. Je pleure l'appauvrissement de sens de ces mots qui vivent sur le papier, mais je pleure encore plus le destin de ces malheureux "jeunes", obligés de se couler dans les alvéoles étroites qu'on veut bien leur concéder. S'ils sont gentils. Et pas trop rebelles. Bref, s'ils veulent bien ressembler à des vieux, quoi.

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... comment ça, les jeunes font de la résistance ?  C'est une blague ??! Non ? Alors, en hommage, laissez-moi partager les devoirs de vacances d'un moins de 25 ans :