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Ma vie romanesque

lundi 2 décembre 2013

Extrait de "La fille de Baruch"


Il y avait une ouverture, au fond de la pièce, fermée par une vieille porte de bel ouvrage. Elle y introduisit la grande clef rouillée. La serrure claqua, la porte s'ouvrit. Une fine poussière tomba sur les premières marches d’un escalier qui semblait descendre jusqu’en Enfer.
- C’est une cave ? demanda Barthélémy, dévoré de curiosité.
- Presque, presque !
Il emboîta le pas à la vieille femme. L’humidité était palpable sur les murs, dans l’air. Les odeurs organiques de l'appartement cédaient devant celles de l'eau, de la pierre, de la poussière, teintées d'un soupçon de salpêtre. L'escalier en vis descendait sans fin, dans un air de plus en plus froid. Seul le léger raclement de leurs chaussures de peau sur la pierre taillée rompait le silence. La flamme de la petite lampe à huile vacilla dans la main de Barthélémy ; un son de ruissellement leur parvint. Ils posèrent le pied sur un sol dallé.
C'était une petite grotte aménagée, ou une cave creusée. A la lumière fugitive et dansante, Barthélémy chercha d'où provenait le bruit. Ses yeux s'habituèrent, et son cœur se serra d'émotion. Un petit bassin carré empli d'eau pure ridée de cercles concentriques était à ses pieds ; l'eau s'y déversait, goutte à goutte, par un tuyau de cuivre verdi provenant d'une petite vasque de pierre, située dans un angle. A l'autre extrémité, une petite rigole conduisait l'eau débordant vers une arche basse dans le mur. Des marques plus anciennes d'humidité montraient que la source avait dû couler plus fort autrefois. Des marches plongeaient vers le fond du bassin, que la lueur orange de la flammèche ne parvenait pas à éclairer. Et c'était tout : pas d'inscription en caractères étranges, pas d'or ou d'images sacrées. Juste le son ténu de l'eau s'écoulant dans le bassin, le froid, la quiétude.
- Alors ? Chuchota la vieille femme.
- C’est un bel endroit. A quoi sert-il ?
- Pour moi, à rien. Mais « eux », à ce qu’ils m’ont dit, s’en servent pour se baigner.
- Se baigner ? Dans une cave ?
- Je ne les ai pas crus, évidemment. J’aimerais savoir ce qu’ils cherchent, bien sûr, et Sœur Anna m’a aidée, mais après tout ce temps, s’ils avaient caché quelque chose ici, vous ne croyez pas que j’aurais fini par le trouver ?
- Si, sans doute. Ce bassin a l'air profond. L'avez-vous sondé ?
- Mon fils l'a fait pour moi, mais il n'a rien trouvé qu'un système de bonde qui permet de le vider. Et un tout petit peu d'argile déposée au fond. Qui croirait que l'eau pût être aussi pure ?
- C'est extraordinaire.

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