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Ma vie romanesque

jeudi 20 février 2014

Comment naissent les personnages

J'aimerais parfois être un peintre, ou tout au moins savoir dessiner (Je suis une catastrophe un crayon à la main, j'ai arrêté d'essayer le jour où je me suis rendu compte que je ratais même les coeurs percés d'une flèche...) Mais j'aimerais quand même. Comment font les peintres, ou les auteurs de BD, pour brosser un personnage? Comment font les compositeurs pour trousser un thème ? Au départ, j'imagine qu'il n'y a que quelques traits, ou notes.
Moi je commence toujours par quelques stéréotypes. les choses visibles : sexe, allure générale, occupation dans la vie. Et puis je lance mon personnage dans l'histoire. Petit à petit, au fil des pages, il acquiert une densité... et parfois non. Il faut le retravailler, alors, lui injecter cette personnalité qui se dérobe, le saupoudrer d'un peu de fantaisie. Le laisser surprendre. Un personnage n'est jamais aussi complexe que les vraies personnes. Un personnage peut avoir deux, trois faces. Mais plus ? On s'y perdrait.
Et c'est ainsi que, petit à petit, le personnage se saisit de sa pâte, se colore, prend vie. Mais, un peu comme dans la vraie vie, on ne connaît bien les gens que lors des crises. Dans un roman policier, ou d'aventure, la crise, c'est la résolution finale, quand la tension, se dénoue... le grand final d'une symphonie. C'est là que se révèlent vraiment les personnages. Celui-ci valait-il quelque chose ? Ah tiens, non. Ce n'était qu'un inconsistant, finalement. Et lui ? Jolie réaction, j'en ferai un fort caractère. Il ne reste plus qu'à reprendre le livre depuis le début, et réécrire ces personnages à l'aune de ce que la fin a révélé d'eux. Une petite touche par ci, un bout de dialogue par là, cette fois je les connais, je les tiens. Je les connais même tellement bien qu'après avoir fini d'écrire, j'éprouve leur manque, comme si je venais de raccompagner des amis au train et que j'agitais la main au bord du quai.
Et eux, les peintres, comment font-ils ?

3 commentaires:

La Feuille a dit…

Belle réflexion. Je pense que la méthode est bonne puisque le résultat est là et que l'une des qualités de la série que vous écrivez c'est que le lecteur s'intéresse à des personnages qui ont une existence presque réelle. Description physique, traits de caractère, environnement proche... tout cela contribue à donner de l'épaisseur. Je suis en train de lire une autre série de romans historiques (que je ne nommerai pas) qui me laisse sur ma fin car si le tableau brossé du paysage historique est satisfaisant, les personnages qui évoluent dans le décor me font penser à de petites figurines en papier animé.
J'aime beaucoup cette idée du personnage revisité en fonction de la façon dont l'intrigue l'a amené à se comporter.
Comparaison avec la musique : je joue de l'accordéon diatonique, un peu. Tous les musiciens professionnels le disent : la partition est une chose (importante) ; on ne commence à posséder l'instrument que lorsque l'on est capable de "broder" à partir du thème, sans toutefois l'occulter !
Toujours aussi plaisant de lire vos textes, même sur le blog !

Paul

La Feuille a dit…

"qui me laisse sur ma faim" bien sûr !
Lapsus révélateur peut-être ?

Laetitia Bourgeois a dit…

Merci de ce commentaire qui ne me laisse pas sur ma... fin.
Mais rassurez-vous, je ne suis pas psy, ni -chologue, ni -chiatre ni même (du moins je l'espère, -chopathe. Je n'en tirerai donc aucune conclusion.
J'ai écrit cette petite note parce que je viens justement d'écrire la conclusion d'une enquête, et que celle-ci m'a donné à voir certains personnages bien différemment de ce que j'avais imaginé au début. Une méthode ? Peut-être, sans doute, mais totalement empirique !